Mémoire sur les orages
MÉMOIRE SUR LES ORAGES.
Le plus imposant et le plus beau des phénomènes que nous présente l'atmosphère,
est sans contredit celui qui constitue les orages ; et quoique ce soit
non-seulement le phénomène le plus curieux et le plus digne de notre admiration,
mais encore le plus important à connoître, à cause des conséquences très-graves
pour nous, qui en sont trop souvent les suites ; c'est cependant de tous les
phénomènes atmosphériques celui qu'on a le moins étudié, en un mot, celui qui
est le moins connu.
Avant d'avoir bien observé ce qui se passe dans les orages, avant d'avoir étudié
particulièrement chacun des faits qu'ils présentent, on a tenté il y a
long-temps d'expliquer ce beau phénomène atmosphérique, et pour cela on a formé
des hypothèses que l'on n'eût jamais admises si les faits particuliers que
présentent les orages eussent été plus connus. En effet, l'on supposoit que la
matière du tonnerre étoit un mélange d'exhalaisons susceptibles de s'enflammer
par le choc et la pression des nuées, que les vents agitoient et poussoient
violemment les unes contre les autres.
Ceux qui savent ce que sont les nuages ; ceux qui, en s'élevant sur de hautes
montagnes ou dans des ballons, ont traversé ces amas de vapeurs, sentent assez
combien étoit fausse
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